Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
lire et philosopher pour vivre
Derniers commentaires
Albums Photos
Newsletter
9 abonnés
lire et philosopher pour vivre
  • Je vous propose mes diverses lectures sur des thématiques étendues : littérature, philosophie, histoire, poésie, à partir de 2015 également politique, sociologie, et des réflexions sur des thèmes d'actualité.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Archives
15 juillet 2012

Clément ROSSET "Principes de sagesse et de folie"

 

img094

Etre c'est se condamner à n'être rien d'autre "écrit Cioran. Exister revient à être soi-même et soi maintenant, ni autre, ni avant, ni après, ni ailleurs: inaltérable, inengendré, impérissable, immobile.

Contester ce qui est au nom de ce qui a été, ou de ce qui aurait pu être, à remonter d'un cran dans le cours du temps, relève d'une hallucination commune et instinctive que rend encore une fois très poignante la dose de désarroi et de détresse qu'elle implique.

Le régime du "il y a " n'équivaut pas au régime du il existe. Le sentiment de l'existence, trois modes d'appréhension effective : la nausée, la jubilation, la surprise. Jubilation et nausée ont en commun de percevoir confusément l'existence comme non prévue, non programmée, non nécessaire, bref comme survenant de plus en plus tôt. Aristote est un de ceux qui ont le plus parfaitement réussi à évoquer cette jubilation qui consiste à se sentir exister, je veux dire un plaisir fondé sur la considération de la nature des choses qui existent que sur celles du fait de leur existence, sur la pensée qu'il y a de l'existence.

L'homme heureux se reconnaît précesemment à ceci qu'il ne demande jamais autre chose que ce qui existe pour lui ici et maintenant. Le propre de l'autre surprise qui peut surgir à l'occasion de n'importe quel objet est au contraire de s'apercevoir que l'existence de l'objet en question est déroutante par elle-même et défie tout classement. Il est pourtant au sein de notre existence quotidienne un certain objet insolite, à la fois familier et déconcertant, qui présente la particularité de trancher avec toutes les autres sphères d'existence: la musique.

Le monde de la musique côtoie certes le monde des humains, mais il ne s'y mêle jamais. Musique et monde ont en commun de ne se recommander d'aucune cause extérieur à eux-même, de ne reposer sur aucune assise, et comme le désert, les chimistes de certains corps, d'exister à l'état libre, rien dans ce monde qu'on puisse considérer comme origine de la musique, rien hors du monde qu'on puisse considérer comme origine du monde. C'est pourquoi Schopenhauer a constaté que dans la musique il y a quelque chose comme la quintessence de la réalité, le modèle d'existence qui évoque de façon la plus aigue le mystère de toute existence.

L'animal est le seul être animé dont l'existence se confonde avec l'existence, et avec l'existence seul. C'est pourquoi, il peut en un sens, être considéré comme le meilleurs témoin de l'existence, le seul témoin qui soit à la fois éloquent et crédible.

L'existence est si je puis dire insolite par nature ou elle n'est pas. Une boutade doublée d'un paradoxe résume son statut, d'être la seule chose au monde à laquelle on ne puisse jamais s'habituer.

De la folie (existence déplacée)

Le goût du faux et de l'artifice peut-être, il est vrai l'indice d'une disposition tout autre, la marque d'un désir de jeter l'existence tellement "au-delà" qu'on doit y déceler l'espoir de ne plus la voir revenir.

C'est un des mystères attachés à la condition humaine et la définition de sa folie essentielle que le domaine de l'inexistant ait presque toujours la part la plus belle par rapport au domaine de l'existant. "Nous ne sommes jamais chez nous, nous sommes toujours au-delà" Montaigne. L'avare est à ce jour le seul spécialiste qui est réussi à totalement dématérialiser la matière.

De la crapule (l'existence dédoublée)

C'est en effet un caractère très fréquent de l'acte crapuleux que de s'accompagner d'un dire contradictoire qui, tel un dédoublage parasitaire, prétend récuser son fait au moment même où il l'accomplit. C'est le principal avantage de toute crapule que de tenir toujours des propos intermédiaires entre l'être et le non être.

Le miroir animal.

L'homme nie son état animal, or cette cruauté castratrice de l'homme vis a vis de lui-même ne serait pas concevable sans une idée de derrière la tête qui est la véritable instance déterminante de cet auto massacre: l'idée que l'activité sexuelle de l'homme est paradoxalement une activité spécifiquement animal, une activité étrangère à l'homme en tant que tel. Le déviant est condamné pour dévier par rapport à la bête, et non du tout par rapport à l'homme, comme on le suppose généralement et assez innocemment.

Le miroir de la mort.

Rien de plus nécessaire en effet, si l'on tient à maintenir une différence entre l'homme et son cadavre que l'existence de fantômes. Lucrèce dit qu'une des tâches les plus dures qui incombent à l'esprit humain consiste dans sa propre disparition. L'image que nous offre de nous-même le miroit de la mort est ainsi généralement refusée.

Morale et crapule.

Dans la société des truands, on est frappée par un trait d'autant plus remarqualble, la teneur toujours hautement moral du débat, un peu étonnante de la part de gens qui passent leurs temps à tromper, voler, assassiner. "Si tout bien pensant se révèle à l'usage un malfaisant, c'est peut être que tout malfaisant est d'abord et nécessairement un bien pensant" Kant.

Les ratés de la parole crapuleuse.

L'hypocrysie ne craint aucun danger extérieur: personne n'a réussira jamais à la "faire parler" tâche impossible puiqu'elle parle déjà et plus que bien. Elle ne peut-être mise en échec que par elle-même.

Voilà un aperçu de la pensée de Clément ROSSET dont je vous conseille vivement la lecture voire l'étude

 

Publicité
Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 167 534
Publicité
Publicité