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27 juin 2013

"Du côté de chez Swann, A l'ombre des jeunes filles en fleurs" Marcel Proust

 

 

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Marcel-Proust-3Marcel Proust

Proust décrit son enfance à Combray, ses parents, sa tante Léonie, Françoise la bonne. Un art du détail, la tante alitée, autoritaire, la bonne devenue indispensable, faisant partie de la famille.

Le voisinage, avec la fréquentation de Swann, père de Gilberte. De longs chapitres sont consacrés à Swann qui rencontrera Odette dans le salon des Verdurin. Odette une demie mondaine dont il tombe amoureux, passionné, il finira par l’épouser. L’enfance, la maison, les parents, les odeurs (la madeleine) symbole passé d’une vie, d’une ambiance. Puis Swann le voisin fréquentant la haute société et qui finit par se rendre dans le salon des Verdurin loin de son milieu.

La passion dévorante pour une Odette cruelle. Du couple naîtra Gilberte premier amour de Proust. Puis nous continuons le voyage à « l’ombre des jeunes filles en fleurs ». Proust évoque son père sous l’emprise de monsieur de Norpois, puis il y a les vacances à Balbec au bord de la mer, le grand hôtel, la grand-mère attentionnée, la rencontre avec madame de Villeparis, et avec Saint Loup qui deviendra un ami. Il y a ces jeunes filles aperçues lors d’une promenade, vision fantasmagorique, poétique, comment les rencontrer ? puis il y a le peintre Eltsine venu du passé de Swann chez les Verdurin, il connaît ces jeunes fille que Proust va finir par croiser, il devient amoureux d’Albertine, ce sera un échec. La délicatesse des rapports humains, l’art, la société, les intériorités tout cela écrit de façon magistrale.

Je vous renvoie également à mes billets sur l’émission la grande librairie consacré à Proust et sur le commentaire d’Albert Camus dans l’homme révolté.

Comme j’en ai l’habitude je vous propose des passages sélectionnés en fonction de leurs caractères philosophique, car Proust était également un philosophe.

«  En réalité, elle ne se résignait jamais à rien acheter dont on ne put tirer un profit intellectuel, et surtout qui nous procurent les belles choses, en nous apprenant à chercher notre plaisir ailleurs que dans les satisfactions du bien être et de la vanité » du côté de chez Swann.

« Et tout d’un coup le souvenir m’est apparue. Ce goût c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray, quand j’allai dire bonjours dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul….Mais quand d’un passé ancien rien ne subsiste après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du savoir » du côté de chez Swann.

« Le soldat est persuadé qu’un certain délai indéfiniment prolongeable lui sera accordé avant qu’il soit tué, le voleur avant qu’il soit pris, les hommes en général avant qu’ils aient à mourir. C’est là l’amulette qui préserve les individus et parfois les peuples non du danger, mais de la peur du danger, en réalité de la croyance au danger, ce qui dans certains cas permet de rendre brave sans qu’il soit besoin d’être brave. »

« Les différentes périodes de notre vie se chevauchent ainsi l’une, l’autre. On refuse dédaigneusement, à cause de ce qu’on aime et qui vous sera un jour si égal, de voir ce qui vous est égal aujourd’hui, qu’on aimera demain, qu’on aurait peut-être pu, si on avait consenti à le voir, aimer plus tôt, et qui eût ainsi abrégé vos souffrances actuelles, pour les remplacer il est vrai par d’autres » A l’ombre des jeunes filles en fleurs.

« Et c’est en somme une façon comme une autre de résoudre le problème de l’existence, qu’approcher suffisamment les choses et les personne qui nous ont paru de loin belles et mystérieuses, pour nous rendre compte qu’elles sont sans mystère et sans beauté, c’est une des hygiènes entre lesquelles on peut opter, une hygiène qui n’est peut-être pas très recommandable, mais elle nous donne un certain calme pour passer la vie, et aussi elle permets de ne rien regretter en nous persuadant que nous avons atteint le meilleurs et que le meilleurs n’était pas grand-chose, pour nous résigner à la mort. » A l’ombre des jeunes filles en fleurs.

« quand on s’est trompé dès le début, même pour les petites choses, quand une erreur de supposition ou de souvenirs vous fait chercher l’auteur d’un potin malveillant ou l’endroit où on a égaré un objet dans une fausse direction, il peut arriver qu’on ne découvre son erreur que pour lui substituer non pas la vérité, mais une autre erreur ». A l’ombre des jeunes filles en fleurs.

« C’est que, pas plus que ce n’est le désir de devenir célèbre, mais l’habitude d’être laborieux, qui nous permet de produire une œuvre, ce n’est pas l’allégresse du moment présent, mais les sages réflexions du passé qui nous aident à préserver le futur ». A l’ombre des jeunes filles en fleurs.

« On ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir soi-même après un trajet que personne ne peut faire pour nous, ne peut nous épargner, car elle est un point de vue sur les choses. Les vies que vous admirez, les attitudes que vous trouvez nobles n’ont pas été disposées par le père de famille ou par le précepteur, elles ont été précédées de débuts biens différents, ayant été influencées par ce qui régnait autour d’elles de mal ou de banalité. Elles représentent un combat et une victoire. Je comprends que l’image de ce que nous avons été dans une période première ne soit plus reconnaissable et soit en tout cas déplaisante. Elle ne doit pas être reniée pourtant, car elle est témoignage que nous avons vraiment vécu, que c’est selon les lois de la vie et de l’esprit que nous avons des éléments communs de la vie…

il est des plaisir comme des photographies. Ce qu’on prend en présence de l’être aimé n’est qu’un cliché négatif, on le développe plus tard une fois chez soi, quand on a retrouvé à sa disposition cette chambre noire intérieure dont l’entrée est « condamnée » tant qu’on voit du monde. » A l’ombre des jeunes filles en fleurs.

« La conversation même qui est le mode d’expression de l’amitié est une divagation superficielle, qui ne nous donne rien à acquérir. Nous pouvons causer pendant toute une vie sans rien dire que répéter indéfiniment le vide d’une minute, tandis que la marche de la pensée dans le travail solitaire de la création artistique se fait dans le sens de la profondeur, la seule direction qui ne nous soit pas fermée, où nous puissions progresser avec plus de peine il est vrai, pour un résultat de vérité.

Et l’amitié n’est pas seulement dénuée de vertu comme la conversation, elle est plus funeste. Car l’impression d’ennui que ne peuvent pas ne pas éprouver auprès de leurs amis, c’est-à-dire rester à la surface de soi-même, au lieu de poursuivre leur voyage de découverte dans les profondeurs, ceux d’entre nous dont la loi de développement est purement interne, cette impression d’ennui, l’amitié nous persuade de la rectifier quand nous nous retrouvons seul, de nous rappeler avec émotion les paroles que notre ami nous a dites, de les considérer comme un précieux apport, alors que nous ne sommes pas comme des bâtiments à qui on peut ajouter des pierres du dehors, mais comme des arbres qui tirent de leur propre sève le nœud suivant de leur tige, l’étage supérieur de la frondaison ». A l’ombre des jeunes filles en fleurs.

Nous sommes bien à la recherche du temps perdu, ce temps que Marcel a essayé d’enfermer, cette attention du détail insignifiant et pourtant si important.

 

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