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  • Je vous propose mes diverses lectures sur des thématiques étendues : littérature, philosophie, histoire, poésie, à partir de 2015 également politique, sociologie, et des réflexions sur des thèmes d'actualité.
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18 janvier 2014

"L'identité malheureuse" Alain FINKIELKRAUT

 

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finkie-183x104Alain Finkielkraut

 Notre monde change en permanence, les civilisations se succèdent. Les distances n’existent plus, internet, le déclin du livre, le matérialisme débridé, la rapidité privilégiée dans tous les domaines.

L’Europe subit une mutation sans précédent et ses peuples voient s’accélérer par le biais des changements sociétaux, des pensées imposées, la disparition de son histoire, de son identité, de ses valeurs, de ses repères.

A cela s’ajoute pour la France la mémoire de l’hitlérisme, des colonies. Alors que faire ? Accepter ce processus, faire en sorte de le ralentir, de l’adapter et non de l’imposer de façon dictatoriale, permettre aux extrêmes de prendre le pouvoir ? Rétablir certaines valeurs en particulier à l’école, conserver une République une et indivisible ? Réfléchir sur le rôle de notre justice…

Vous l’avez compris nous sommes au cœur d’une terrible tourmente, vécu de façon différente par chacun, mais nécessitant une analyse sans tabou, et la mise en place de solutions à même de permettre encore le vivre-ensemble.

Alain FINKIELKRAUT  porte une réflexion pertinente sur ces thématiques. Je vous propose des extraits de son livre afin de bien comprendre ses constats et interrogations.

" Le changement n’est plus ce que nous faisons ou ce à quoi nous aspirons, le changement est ce qui nous arrive. Et ce qui nous arrive, ce que nous prenons de plein fouet, avec ce mouvement irrésistible de recomposition et de repeuplement du monde c’est la crise de l’intégration. "

" La vie humaine, lit-on dans les Pensées de Pascal n’est pas d’un seul tenant. Elle n’est pas non plus tiraillée entre les deux patries du ciel et de la terre comme le soutient la métaphysique classique. Elle se déploie sur trois registres :

-l’ordre de la chair

-l’ordre de l’esprit

     -l’ordre de la charité".

 

" Avec la séparation des ordres, PASCAL donne à la laïcité sa définition la plus rigoureuse… Le mystique Pascal est éminemment laïque en ceci qu’il reconnaît entre chair et charité, l’indépendance de l’ordre spirituel ".

Alain FINKIELKRAUT nous rappelle la notion de galanterie aujourd’hui mise entre parenthèse.

" N’oublions pas non plus que les rituels minuscules comme céder le pas, régler les consommations, tenir la porte doivent au besoin d’expier le privilège de la force par la délicatesse du comportement ". " Tout homme de goût et d’une certaine élévation d’âme doit avoir le besoin de demander pardon au pouvoir qu’il possède " écrit madame de Staël.

" Pour que surgisse en pleine lumière l’ancrage de tous dans un même passé et qu’advienne quelque chose comme une identité commune, il a fallu que se produise, sous l’effet du rapprochement des conditions, cet évènement culturel majeur : la généralisation du sentiment du semblable".

" Les esprits éclairés, qui ont cru bon de rompre le cours des choses n’ont aucun respect pour la sagesse des autres, mais en compensation ils font de la leur une confiance sans bornes ".

Joseph DE MAISTRE écrit : " il n’y a point d’homme dans le monde. J’ai vu des Français, des Italiens, des Russes ? etc… je sais même, grâce à Montesquieu qu’on peut être persan : mais quant à l’homme, je déclare ne l’avoir rencontré dans ma vie, s’il existe, c’est bien à mon insu ".

Hanna HARENDT écrit :

Jamais personne avant les nazis ne s’était arrogé le droit de décider qui doit et qui ne doit pas habiter la terre. Et il a fallu la rigueur et l’instruction, le sens du devoir et le goût du travail bien fait pour surmonter les obstacles à la mise en œuvre de cette décision radicale.

La civilisation, alors a fait cause commune avec la barbarie, la civilisation industrielle a pris en charge le crime, la froideur de la raison et la frénésie identitaire ont bâti ensemble les usines de la mort. Ce scénario inouï réfute toutes les philosophies de l’histoire ".

" C’est de ce miroir encore actif que naît le laisser aller vers le communautarisme, sentiment de culpabilité toujours présent ".

" Après le démon hitlérien, le post colonialisme, tout cela a amené des politiques et penseurs à définir que l’Europe n’était pas un patrimoine à défendre, ni à partager, donc l’Europe n’est en fait rien ». « L’oikophobie : la haine de la maison natale et la volonté de se défaire de tout le mobilier qu’elle a accumulé au cours des siècles ".

" Nous découvrons en prenant le recul nécessaire, que ce qui arrive n’arrive pas et que ce qui nous apparaît comme un évènement considérable est un phénomène immémorial. Nous apprenons que ce n’est pas la France qui vient du fond des âges, comme le voulait après Péguy, le général de Gaulle, mais le brassage des populations ".

Pour conclure : " le changement démographique n’affecte pas l’identité de la nation, car celle-ci n’a d’autre identité que ce changement perpétuel ".

Dans son livre " fractures françaises " le géographe Christophe GUILLY explique ce séparatisme d’en bas par le fait que le passage d’une immigration de travail à une immigration familiale, les autochtones ont perdu le statut référent culturel qui était le leur ".

Nous ne produisons du neuf qu’à partir de ce que nous avons reçu ». Lévi-Strauss dans « de près et de loin » un livre d’entretiens avec Didier ERIBON publié en 1998, affirme que si une communauté ethnique « s’accommode du bruit et même s’y complaît, il ne la vouera pas aux gémonies, il ne prononcera pas son exclusion du genre humain, et il se gardera évidemment d’incriminer son patrimoine génétique. Toutefois, ajoute-t-il je préfèrerai ne pas vivre trop près, et n’apprécierai pas que sous ce méchant prétexte, on cherche à me culpabiliser ".

Emmanuel LEVINAS écrit : "la France est une nation à laquelle on peut s’attacher par le cœur aussi fortement que par les racines ".

Savons-nous et pouvons-nous encore transmettre ?

" Etre vieux ce n’est plus avoir de l’expérience, ce n’est plus être le dépositaire d’un savoir, d’une sagesse, d’une histoire ou d’un métier, c’est être handicapé ".

"Résistons au présent, demande DELEUZE, mais jamais le présent n’a été aussi irrésistible que depuis la révolution numérique et la multiplication des portails : les nouvelles élites « surbookées et hyper connectées », se sont quant à elles délestées de l’héritage des siècles. Bourgeoises, elles ne le sont que par leur goût du confort. Le reste est passé à la trappe. Et que l’on ne parle pas à nos planétaires de « génie français » drapés dans la mémoire du XXème siècle, ils rejettent le mot avec horreur et se font un devoir d’oublier tout ce qu’il contient ».

Si la forme n’a aucune importance, alors à quoi bon se fatiguer à mettre les formes ? La culture générale favorise les favorisés. Elle avantage la vieille France au détriment de la nouvelle bourgeoisie traditionnelle au détriment des minorités ethniques, les héritiers au détriment de la diversité" .

 En 2003 le Monde titrait « avec A. Dumas, le métissage entre au Panthéon ». Le métissage et non les trois mousquetaires, 20 ans après, ou le Comte de Monte Cristo. Ce n’est pas à ses chefs d’œuvres que Dumas devait sa place dans la nécropole des grands hommes, c’était à la goutte de sang noir qui avait coulé dans ses veines.

CHATEAUBRIAND rédigeait déjà l’épitaphe dans les mémoires d’Outre-tombe : des peuplades de l’Orénoque n’existent plus, il n’est resté que leur dialecte qu’une douzaine de mots prononcés dans la cime des arbres par des perroquets redevenus libres, comme la grive d’Agrippine gazouillait des mots grecs sur les balustrades des palais de Rome "

" Ce n’est ni dans un reportage journalistique, ni dans l’enquête au long cours d’un sociologue de terrain que j’ai lu la description la plus juste de la crise actuelle du vivre-ensemble mais dans une page célèbre d’un vieux livre de philosophie le Leviathan de Thomas HOBBES " : "  les humains n’éprouvent aucun plaisir à demeurer en présence les uns des autres s’il n’y a pas de puissance capable de les tenir tous en respect. Car chacun cherche à s’assurer qu’il est évalué par son voisin au même prix qu’il s’évalue lui-même, et chaque fois qu’on le sous-estime, chacun s’efforce naturellement, dans la mesure où il l’ose, d’obtenir par la force que ses contempteurs admettent qu’il a une plus grande valeur, et que les autres l’admettent par l’exemple ".

" HOBBES a pensé la politique comme un moyen de civiliser le vivre-ensemble. Il nous a légué l’idée que l’Etat procède non de la volonté divine mais de la volonté toute humaine de ne plus voir la vie perpétuellement exposé à l’aléa des mauvaises rencontres ".

PEGUY nous dit : " il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est le plus difficile, voir ce que l’on voit ".

Nous conclurons notre périple sur « l’identité malheureuse » par cette pensée de BOSSUET : " le ciel se rit des prières qu’on lui fait pour détourner de soi les maux dont on persiste à vouloir les causes ".

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Commentaires
B
Ces textes sont une attaque contre le progrès, la technique qui a débordé toute référence humaniste et, ce qui est dommage, c'est que par mimétisme, tout le monde suit, être in, dans la mode à en perdre SA PROPRE CONSCIENCE d'exister, Où est la liberté ?
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