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  • Je vous propose mes diverses lectures sur des thématiques étendues : littérature, philosophie, histoire, poésie, à partir de 2015 également politique, sociologie, et des réflexions sur des thèmes d'actualité.
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8 novembre 2014

"Le hussard sur le toit" Jean GIONO

 

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Un roman fort, une ambiance noire et en même temps teintée d’une certaine légèreté due au héros « tu peux être grave et fou, qui empêche ? Tu peux être tout ce que tu veux et fou en surplus, mais il faut être fou mon enfant. Regarde autour de toi le monde sans cesse grandissant de gens qui se prennent au sérieux. Outre qu’ils se donnent un ridicule irrémédiable devant les esprits semblables au mien, ils se font une vie dangereuse, constipée...» lui écrit sa mère

Un officier supérieur italien se retrouve à fuir son pays après un duel au cours duquel il tuera. Riche, bien de sa personne, il va déambuler dans une France ravagée par le choléra dont les symptômes n’ont rien à voir avec ceux de ladite maladie. Il fera un voyage initiatique autour de la mort, de la maladie, d’une maladie qui défigure, une maladie violente qui avilit. Les villages et campagnes pleurent de désolation et de mort, habités par les oiseaux qui sont au-dessus du mal, ne le connaissent pas.

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Angelo côtoiera la maladie mais ne sera jamais malade. Il est fort et en quelque sorte lumineux, il est prudent et altruiste, et par sa personnalité nous fait presque oublier le côté sombre du voyage. « Le héros lâche voilà l’ange. Mais le héros courageux quel mérite y-a-t-il ? Il se faisait plaisir. Il se satisfait. Ce sont les hommes mâle et femelle, dont parlent les prêtres, qui s’y entendent : ils se satisfont d’eux-mêmes. Y-a-t-il jamais dévouement désintéressé ? Et même, ajoutait-il, s’il existe, l’absence totale d’intérêt n’est elle pas alors le signe de l’orgueil le plus pur ? ».

Les hommes sont dépeints dans la plupart des cas comme petits, égoïstes, prêt à tout pour sauver leur vie et souvent cupides. « J’ai peur des épiciers, quand ils ont des fusils, dit-il. La frousse a donné le goût de l’aventure à des gens qui avaient l’habitude de dormir au coin du feu. Ce sont des chats à qui on a marché brusquement sur la queue : ils griffent à tort et à travers. » Mais Angelo échappe à tout cela et permet au lecteur de parcourir ce voyage avec espérance.

Angelo rencontrera une femme avec qui il fera la dernière partie de son voyage. Cette femme sera à son image, forte, nous ne parlons pas d’amour mais comment y échapper ? Cette femme sera atteinte de cette maladie bleue et blanche voulue ainsi par Giono, appelée choléra mais en réalité intemporelle. Angelo la sauvera, seule sauvetage du roman, il réussit ou le petit français qu’il rencontre au début échoue. Il a vaincu la mort, l’amour est plus fort que la mort. Comme officier et militaire Angelo dira « il faut non seulement tirer mais savoir regarder froidement les morts sans quoi on est ridicule. Et si on est ridicule dans son métier, dans quoi sera-t-on élégant ? » Paradoxalement Angelo dira plus loin « Est-ce qu’on a le droit d’abandonner un être humain ? et même s’il meurt, est-ce qu’on doit pas tout faire pour qu’il meure moins mal si l’on peut ? ».

Le roman est fluide, une belle écriture, l'impression d'une peinture parfois, phénomène fréquent en littérature. C’est aussi une histoire philosophique, les ombres de la mort nous entourent, mais l’homme lumineux, fort, loyal, peut les vaincre en vivant pour vivre et non pas en vivant pour ne pas mourir.

« La mélancolie fait plus de victimes que le choléra…elle tue dans des proportions qu’on ne connaît jamais, car ses victimes n’étalent pas des ventres verdâtres au long des rues mais cassent leur pipe avec une très grande décence et modestie, dans des coins secrets où elles passent pour avoir été frappées de mort naturelle. Mais outre ces conclusions radicales, la mélancolie fait d’une certaine société une assemblée de mort-vivants, un cimetière de surface, si on peut dire, elle enlève l’appétit, le goût, noue les aiguillettes, éteint les lampes et même le soleil et donne au surplus ce qu’on pourrait appeler un délire de l’inutilité qui s’accorde parfaitement d’ailleurs avec toutes les carences sus-indiquées et qui, s’il n’est pas directement contagieux, dans le sens que nous donnons inconsciemment à ce mot, pousse toutefois les mélancoliques à des démesures du néant qui peuvent fort bien empuantir, désoeuvrer et, par conséquent faire périr tout un pays. »

giono

 

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Commentaires
J
J'ai beaucoup aimé.<br /> <br /> Mais je ne le relirai pas de si tôt. Le contexte ne s'y prête pas.<br /> <br /> Comme la peste de Camus.<br /> <br /> Par contre "L'amour au temps du choléra" passerait mieux - la maladie y est très peu abordée. Très beau roman aussi.
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K
C'est vrai, mais quel magnifique roman, il est d'une telle force, d'une telle beauté, dans un univers hostile.
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J
Un roman qui fait froid dans le dos. Aujourd'hui.
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