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  • Je vous propose mes diverses lectures sur des thématiques étendues : littérature, philosophie, histoire, poésie, à partir de 2015 également politique, sociologie, et des réflexions sur des thèmes d'actualité.
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26 février 2015

"Soumission" Michel HOUELLEBECQ

 

 

 

houellebecq

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un roman engagé, un roman courageux, un roman d’actualité voire d’anticipation. La littérature a son utilité, elle nous permet de réfléchir, de s’interroger, tout en pénétrant dans un monde de « distraction ». Un scénario imaginé certes mais qui néanmoins colle avec l’actualité.

Je pense que l’auteur a traduit une peur et effectué une sorte de mise en garde. Le titre du roman revêt un aspect négatif.

Lorsque le Président de la République de confession musulmane est élu, la délinquance baisse, certaines valeurs sont réinstaurées au détriment de la perte de certaines libertés. Ce questionnement sous-jacent est mis en perspective avec la vie monastique. Vouloir l’apaisement au prix d’une perte de liberté, de l’abandon de certaines libertés.

Le héros est professeur de lettres spécialiste de Joris-Karl HUYSMANS, auteur peu connu de la fin du XIXème siècle, voilà un choix atypique! Mais là aussi il y a  des passerelles, HUYSMANS se convertira et embrassera la vie monastique.

Le sexe est très présent de façon crue, l’auteur aurait-il des soucis particuliers ? Une envie de provoquer ? Pense-t-il que c’est indissociable de l’homme ? Il évoquera la tentation qui, si elle disparaît, fait disparaître le désir, en tout cas c’est ce que constate ce professeur une fois les règles islamiques appliquées aux femmes.

HOUELLEBECQ citera un autre philosophe « marginal » René GUENON, ésotériste, grand connaisseur de l’islam et des religions en général, qui s’est converti. Nous passerons par NIETZCHE et Léon BLOY, autant de chemins de traverses qui établissent un lien entre ce XIXème siècle de recherches en tout genre, pas toutes bonnes d’ailleurs et ce XXIème siècle radicalement moderne et archaïque à la fois.

Le roman est agréable à lire, les parallèles avec certains acteurs de la vie politique ou médiatique permettent à HOUELLEBECQ de nous montrer qui il n’apprécie pas. Quoiqu’il en soit, ce professeur finira par se convertir, plutôt pour de mauvaises raisons. Difficile de le juger, un être brillant mais faible, lâche, qui décide finalement d’emprunter la voie la plus facile à vivre.

J’ai trouvé ce roman intelligent, il est arrivé à un moment douloureux, mais on pourrait dire au bon moment, c’est-à-dire au moment des questionnements.

Je vous propose en éclairage complémentaire quelques extraits du roman.

« Un candidat de centre-gauche était élu, pour un ou deux mandats selon son charisme individuel, d’obscures raisons lui interdisant d’en accomplir un troisième, puis la population se lassait de ce candidat et plus généralement du centre gauche, on observait un phénomène d’alternance démocratique, et les électeurs, portaient au pouvoir un candidat du centre droit, lui aussi, pour un ou deux mandats, suivant sa nature propre. Curieusement, les pays occidentaux étaient très fiers de ce système électif qui n’était pourtant guère plus que le partage du pouvoir entre deux gangs rivaux, ils allaient même parfois jusqu’à déclencher des guerres afin de l’imposer aux pays qui ne partageaient pas leur enthousiasme ».

« La Fraternité musulmane…Pour eux l’essentiel c’est la démographie, et l’éducation, la sous population qui dispose du meilleur taux de reproduction, et qui parvient à transmettre ses valeurs, triomphe à leurs yeux, c’est aussi simple que ça, l’économie, la géopolitique même ne sont que de la poudre aux yeux : celui qui contrôle les enfants contrôle le futur, point final ».

« Je me rendais bien compte pourtant, et depuis des années, que l’écart croissant, devenu abyssal, entre la population et ceux qui parlaient en son nom, politiques et journalistes, devait nécessairement conduire à quelque chose de drastique, de violent et d’imprévisible ».

« Le Front National fait semblant d’y croire, c’est vrai, mais il y a quelque chose de tellement incertain, tellement désespéré dans leur croyance, les autres partis, eux, ont carrément fait le choix de la dissolution de la France dans l’Europe ».

Parlant de la métaphysique, le héros du roman dit… « Ce qu’il y a reprit-il, c’est que la plupart des gens vivent leurs vies sans trop se préoccuper de ces questions, qui leur paraissent exagérément philosophiques, ils n’y pensent que lorsqu’ils sont confrontés à un drame, une maladie grave, la mort d’un proche. Enfin, c’est vrai en Occident, parce que partout ailleurs, dans le monde c’est au nom de ces questions que les êtres humains meurent et qu’ils tuent, qu’ils mènent des guerres sanglantes, et cela depuis l’origine de l’humanité ; c’est pour des questions métaphysiques que les hommes se battent certainement pas pour des points de croissance, ni pour le partage de territoires de chasse. Mais, même en Occident, en réalité l’athéisme n’a aucune base solide ».

 

houellebecq image

 

Michel HOUELLEBECQ

 

 

…  « Bien ou mal peu importe, le passé est toujours beau, et le futur aussi d’ailleurs, il n’y a que le présent qui fasse mal, qu’on transporte avec soi comme un abcès de souffrance qui vous accompagne entre deux infinis de bonheur paisible »

 

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