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  • Je vous propose mes diverses lectures sur des thématiques étendues : littérature, philosophie, histoire, poésie, à partir de 2015 également politique, sociologie, et des réflexions sur des thèmes d'actualité.
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7 juillet 2015

"L'éternel mari" Fédor DOSTOIEVSKI

 

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Les romans de DOSTOIEVSKI sont toujours dense. Il y a l’histoire romanesque et il y a d’autres strates qui peuvent être mises à nu. DOSTOIEVSKI fait partie de ces romanciers qu’il faut appréhender en profondeur.

Qu’est-ce qu’un éternel mari ? titre relevant plus de la psychologie, de la sociologie que du romanesque, DOSTOIEVSKI sait créer des approches de lectures différentes. Pavel PAVLOVITCH le mari de Natalia VASSILIEVNA, décédée, croise volontairement ou non VELTCHANINOV quotidiennement qui a vécu avec le couple durant plusieurs années. VELTCHANINOV a été l’amant de la femme de Pavel, aussi que penser de cette étrange rencontre ?

Il y a trois acteurs principaux dans ce « vaudeville », l’éternel mari, la petite fille LISA, l’amant. LISA mourra et l’affrontement mortifère des deux hommes se distillera durant tout le roman. Cet éternel mari n’est pas un amant, en incapacité d’accepter son statut alors que VELTCHANINOV accepte le sien au contact de Pavel PAVLOVITCH, avec en prime un sentiment de culpabilité étant probablement le père de LISA.

La femme de Pavel est la source de ce psychodrame. DOSTOIEVSKI analyse les tréfonds de la nature humaine, l’ambiance est lourde, le non-dit, le chaud et le froid sont permanents. Pour une lecture plus affinée, il faut se référer à l’ouvrage de René GIRARD « mensonge romantique et vérité romanesque ».

L’homme est créateur de désir, le mimétisme entre en scène, Pavel veut se venger, mais il veut être VELTCHANINOV, il veut lui prouver qu’il sait lui aussi séduire mais bien sûr il n’y parvient pas. VELTCHANINOV est touché par PAVLOVITCH et sa vie est remise en question. Cette rencontre tragicomique est à la fois une séance de psychothérapie et le révélateur d’une société désirante sans limite, sans hiérarchie.

Ce que René GIRARD nomme dans le roman au sens large le « médiateur », c’est la femme de Pavel PAVLOVITCH, la femme en général. N’ayant plus les barrières sociologiques d’antan avec une « médiation » qu’on désire, qu’on imite, mais qu’on ne possèdera jamais, nous sombrons dans la jalousie, l’envie, …car nous nous considérons égal à l’autre. Impossible de s’extraire de ce terrible processus qui rend l’homme insupportable. L’homme doit entrer dans les pseudo-désirs que la société lui impose, ne pouvant se contenter des désirs primaires.

Le roman de DOSTOIEVSKI nous envoie quantité d’informations à extirper afin d’essayer de comprendre une nature humaine complexe et prisonnière de son état. Quel libre arbitre dans cette course avec des obstacles imposés ? Quelle liberté ? Comment trouver un chemin salvateur ? Peut-être par la compréhension et une prise de conscience de ces processus internes.

 DOSTOIEVSKI n’écrit que des œuvres fortes, aux ramifications multiples, le lecteur ne sera pas déçu et pourra se contenter également de l’histoire proposée, à chacun d’emprunter les autres sentiers.

peinture l'éternel mari

« Ce quasimodo de T…était suffisamment généreux et stupide pour s’amouracher de l’amant de sa femme dont la conduite 20 ans durant, lui avait paru sans reproche. Pendant 9 ans il m’a respecté, il a vénéré mon souvenir et a gardé mes « expressions » dans sa mémoire : Mon Dieu, et moi qui ne me doutais de rien ! Il pouvait mentir hier. Mais est-ce qu’il m’aimait hier quand il me déclarait son amour et me disait : « réglons nos comptes ? Oui, il aimait en haïssant et c’est justement l’amour le plus fort… »

« Oui, la vie n’aime pas les monstres et s’en débarrasse au moyen de « solutions naturelles ». Le plus monstrueux des monstres est celui qui a de nobles sentiments. Je sais cela d’après ma propre expérience. Pavel PAVLOVITCH ! la nature produit un monstre et au lieu d’en avoir pitié, elle le condamne. Et cela doit être ainsi. Les embrassades et les larmes de pardon ne conviennent pas même aux honnêtes gens, à notre époque : que dire alors de nous autres, Pavel PAVLOVITCH ?

 (T. est Pavel)

dostoievski_70786362_1Fédor Dostoievski

 

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Commentaires
K
Merci pour ce commentaire.<br /> <br /> Contre ou avec les autres, terrible constat. Il est inévitable que le contre les autres prend le pas sur le avec, l'égocentrisme est inhérent à la nature animal, donc à l'homme. Qu'est ce que le désir, les désirs ? l'autre ce miroir qui m'emmène sur la pente terrible des désirs. Le sans hiérarchie est apparue récemment, le tout immédiatement, gommage des strates sociales rendant l'autre mon égal, et donc m'autorisant toutes sortes de désirs qui auraient pu m'être inaccessibles.
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B
"Cette rencontre tragicomique est à la fois une séance de psychothérapie et le révélateur d’une société désirante sans limite, sans hiérarchie". Cette phrase résume le problème de tous les temps. Quel est l'essence du désir ? Pour moi et contre les autres ou pour moi et avec les autres. Ce 'avec les autres" à lui seul établit les hiérarchie et il affiche la personne et non l'individu egocentrique.
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