"Morny un voluptueux au pouvoir" Jean-Marie Rouart

Charles Auguste Louis Joseph DEMORNY, devenant par la suite Duc de Morny est né en 1812 et mort en 1865. Il est le fils naturel d’Hortense de Beauharnais épouse de Louis BONAPARTE et du conte FLAHAUT général amant d’Hortense. Il est le petit fils naturel de TALLEYRAND et le demi-frère de NAPOLEON III .

Voilà brièvement présentées les origines de MORNY. Jean-Marie ROUART écrit : « l’adolescent aime se rassurer avec ses héros qui méprise la vie, ces géants de la volonté qui gagne le pouvoir, l’amour des femmes à coups de reins, armés seulement de quelques principes stratégiques sans s’embarrasser plus de morale toute faite. Cet écumeur de plaisir, ce séducteur sans illusion cherchait dans la conquête une clé qui lui échappait toujours. Ni l’alcôve, ni le tapis vert, ni les duels, n’ont épuisé sa quête de sensation forte, il ne lui manque que l’expérience du pouvoir pour résoudre le compte qu’il avait à régler avec lui-même, sous le jouisseur, l’arriviste, je percevais une faille, une blessure secrète qui m’intéressait chez MORNY ».

Le Duc de Morny

J’encourage les lecteurs qui aiment l’histoire à lire le livre de JM ROUART qui nous évoque le trajet hors norme de Charles-Auguste MORNY. Sa naissance cachée, illégitime sera un fardeau. « La bâtardise de MORNY me plaisait écrit JM ROUART, elle correspondait à l’idée du héros et nourrissait ma réflexion, je pensais à Jack LONDON, à WAGNER, BALZAC, MAUPASSANT, à DELACROIX, NAPOLEON, ALEXANDRE. Car il n’y avait pas  que la déviation génétique banale. A mes yeux, toute personne intéressante, exceptionnelle, de sommes toutes celles qui ouvrent des voies nouvelles, des créateurs, des artistes, manifestent des symptômes de bâtardise ».

Mais il sera soutenu toute sa vie lui permettant de réaliser tout ce qu’il voulait. Il débute comme officier, ce n’est pas la carrière qu’il souhaite mais il s’illustrera courageusement au combat. Il démissionnera. Il choisit de se lancer dans les affaires et achète une entreprise à Clermont Ferrant, ce sera sa réussite. Il décide d’entrer en politique et obtient un premier mandat local  de député. Ce parcours sera riche mais aux méandres complexes. Le personnage était multiple, séducteur à l’excès, créateur, fin diplomate aimant les arts. Balzac s'inspirera du Duc de MORNY à travers son personnage de MARSAY, en particulier dans la « fille aux yeux d’or ».

Tout réussit à MORNY. Il est au sommet de sa gloire. Sa protection transforme ce qu’il touche en or. Même politiquement il semble au bord de recueillir le fruit de sa politique libérale, les temps sont mûrs pour un grand ministère d’ouverture, celui qu’illustrera Emile Ollivier le disciple.

Ses liens avec la littérature, la musique, sont forts. « Un beau jeune homme à la crinière exubérante et à la voix charmante, vif, chaleureux, sympathique. En plus il est poète. Originaire de Nîmes dont il arrive, un petit recueil de vers « les amoureuses » lui a ouvert les portes des Tuileries. Il y a fait connaissance d’une lectrice de l’Impératrice qui sera à la fois son ange gardien et son mauvais démon. Elle lui transmet la syphilis qui transforme vite son existence dorée en calvaire, mais elle le présente à l’Impératrice et à la princesse MATHILDE, qui demande à MORNY de trouver un emploi à ce jeune homme talentueux et désargenté. C’est ainsi qu’Alphonse DAUDET se retrouve secrétaire du corps législatif ».

Alphonse Daudet

« OFFENBACH lui doit beaucoup il a trouvé en OFFENBACH l’homme-orchestre qui pouvait le mieux exprimer sa conception d’une vie variée ».

« MORNY a eu quatre enfants : Charlotte, Auguste, Serge, Mathilde qui ne firent guère parler d’eux à l’exception de Mathilde dite Missy, devenue par son mariage la marquise de Belbeuf. Toujours habillée en homme, celle qu’on appelait « Oncle Max » fera scandale en entretenant une liaison avec COLETTE et surtout en montant avec elle sur la scène du Moulin-Rouge pour interpréter une pantomine dénudée ».

La mort rattrapera cet homme aux vies multiples, DAUDET écrit : « je n’ai jamais vu quelqu’un s’en aller de la vie aussi stoïquement que cet épicurien. Ce fut une vraie sortie d’homme du monde, imprévue, rapide, discrète ».

Jean-Marie Rouart