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12 mai 2021

Série philosophie: "la monadologie" LEIBNIZ

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Les deux spécialistes de LEIBNIZ et en particulier de la monadologie : Jacques RIVELAYGUE et Emile BOUTROUX ont deux approches différentes. Jacques RIVELAYGUE introduit à la compréhension fine et très contemporaine de la monadologie, tandis qu’Emile BOUTROUX favorise sa mise en perspective.

La monadologie est un résumé de l’ensemble de la philosophie de LEIBNIZ. La monade n’est autre chose qu’une substance simple qui entre dans les composés simples, c’est-à-dire sans parties.

La monadologie fournit une vue d’ensemble du système de LEIBNIZ et en expose les thèses fondamentales : la matière, l’espace et le temps que nous percevons, n’existent pas en soi, il n’y a que des points logiques et des points métaphysiques, les monades, le phénomène sensible n’est que la représentation confuse d’une réalité qui se dissimule en lui et qui est faite de monades et d’interactions entre les monades.

On a trois séries de monades : la première connaît uniquement une succession d’états internes et possède elle-même une force pour modifier ces états (forces physiques, plantes), le seconde possède la mémoire (animaux), la troisième à laquelle seul peut s’appliquer la notion d’esprit, possède la réflexion, elle peut, à partir de la succession du détail de ce qui change, en tirer la règle.

« La perception confuse est la perception qui se produit dans une monade en vertu de sa relation avec les autres monades. Au contraire, la perception distincte est la perception de ce qui est propre à la monade elle-même. »

Il n’y a entre les monades que des différences de degré. On pose uniquement que les monades sont simples, inétendues, indivisibles, sans naissance, ni fin naturelle. S’il y a du composé, il y a du simple.

Les monades ne sont pas identiques entre elle, intervient ici le principe des indiscernables, si deux choses sont identiques, elles sont la même chose, or il ne peut pas exister dans la nature deux fois la même chose. Idée utilisée par KANT : « on ne peut penser le changement sans se référer à un terme fixe, sans référence à quelque chose qui ne change pas. Tout changement naturel se faisant par degré, quelque chose change et quelque chose reste. »

Il s’interroge sur la possibilité du concept de Dieu, s’il n’est pas contradictoire, si peuvent se rassembler sans contradiction dans un même concept l’unité et la simplicité absolues d’un côté, et de l’autre, l’infini des propriétés.

L’espace sera non plus, comme chez DESCARTES, une substance, mais un rapport entre des forces. De là procède la thèse constitutive LEIBNIZIENNE au-delà de l’apparence, qu’est-ce que la matière ? Il existe des points d’énergie absolument simples dont est faite toute réalité, ce sont ces points d’énergie que LEIBNIZ nomme monades, en abolissant par là-même puisque toute réalité est monadique, la différence intrinsèque entre matière et esprit.

Ce passage est très important pour bien comprendre la notion de monade.

La perception fournit donc un exemple de changement qualitatif (une succession d’états) où l’un enveloppe le multiple, où l’unité de la conscience contient une multiplicité sans être divisé par cette multiplicité.

Ainsi, tous les changements s’expliquent par la formule de la monade, par son programme, et par conséquent ces changements, tout en étant spontanés, tout en prenant source dans la monade elle-même, sont parfaitement rationnels.

La monade est « entéléchie » lorsque la formule qui la constitue, déploie toutes ses possibilités. Par conséquent, pour chaque être (animal, plante ou homme), le but est nécessairement fixé par la formule initiale, qui enveloppe une série de possibles, et il ne peut que réaliser cette série de possible. Il en résulte qu’un individu ne pourra évidemment pas réaliser les possibles d’une autre, chaque être étant précisément individualisé par les possibles de sa formule.

Ce passage nous éclaire sur la part de prédestination et de libre arbitre que possède chaque être de la catégorie humaine.

Ainsi, la théorie de la nature des monades se clôt avec le chapitre 17 par une insistance sur l’impuissance du mécanisme à expliquer, par combinaison de figures de mouvements, des phénomènes complexes comme la volonté et la perception, faute de les avoir enracinés dans les principes ultimes du réel.

Dans les paragraphes 20 et 23, LEIBNIZ évoque le principe de continuité tel qu’il se déduit du principe de raison suffisante (le principe de raison suffisante pose qu’il faut à toute chose sa raison d’être), c’est-à-dire en fait du principe du meilleur ; le meilleur système étant celui qui réalise le maximum d’effets avec le minimum de principes, le monde le plus parfait obéira au principe de continuité, puisqu’à partir de ce seul principe, on aura le maximum d’effets à savoir tous les êtres possibles entre le néant et l’absolu. Dieu étant bon, il réalise nécessairement le meilleur des mondes, et par conséquent, le monde qui existe est régi par le principe de continuité.

Pour conclure cette première partie, nous évoquerons le paragraphe 33 sur les deux types de vérités :

-Les vérités de raisonnement, ce sont les vérités logiques que LEIBNIZ nomme aussi vérités nécessaires au sens où leur opposé est impossible.

-Les vérités de fait, elles ne sont pas nécessaires mais contingentes, parce que leur opposé ou tout autre énoncé sur le même sujet aurait été possible !

La deuxième partie de la monadologie est scindée en deux moments principaux : l’établissement de l’existence de Dieu et la détermination de sa nature.

LEIBNIZ va utiliser la logique, n’oublions pas que c’est avant tout un scientifique. Par cette façon de philosopher, il se rattache à ARISTOTE.

L’existence de Dieu va être prouvée à partir de deux principes préalablement établis, celui de la raison suffisante et celui de la contradiction. Il faut rappeler ici la différence entre cause formelle et éminente telle qu’elle est à l’œuvre aussi chez DESCARTES. Dans la cause formelle, la cause contient l’effet tel qu’il est effectivement alors que dans la causalité éminente, la cause ne contient l’effet qu’en puissance.

Qu’est-ce qu’un possible ? On peut en donner une définition purement logique : est possible ce qui n’est pas contradictoire (puisque le contradictoire ne peut être) LEIBNIZ pour sa part, donne du possible une définition réelle et non pas simplement logique : est possible ce qui tend à exister.

Pour échapper, à partir du même concept du possible au spinozisme, LEIBNIZ recourt à la notion des compossibles. Il va tenter de distinguer parmi les possibles, ceux qui peuvent exister ensemble (compossibles) et ceux qui ne sont pas compatibles, et, sur la base de cette notion de compossible, il va envisager successivement le monde et Dieu.

LEIBNIZ aurait peut-être pu utiliser le mot de compatible, néanmoins le fait d’exister ensemble, obligation du vivant, ne signifie pas que tous les vivants soient compatibles pour vivre ensemble.

La différence entre homme et Dieu n’est donc pas de nature : elle tient seulement au fait que l’essence de Dieu est totalement réalisée, tandis que celle des créatures est en voie de réalisation dans un univers où les monades se limitent réciproquement. Il se trouve seulement, du point de vue de LEIBNIZ, que les essences ne sont pas de simples possibles logiques, mais que ce sont des possibles réels caractérisés par une tendance à exister.

Cette notion de fulguration (passage du possible au réel instantanément) qui décrit comment le possible devient réel en dehors de Dieu, ne l’explique pas. On retrouve ici toutes les difficultés d’une théologie recourant à la notion de création : pourquoi un être parfait, se suffisant à lui-même, crée-t-il un monde hors de lui ?

Le chapitre III « le monde » va montrer comment l’ensemble des monades se trouve régi par Dieu en tant que cause de ce monde. A est cause de B lorsque ce qui se passe dans A explique ce qui se passe dans B. En comprenant A, on comprend B, quand bien même les deux monades continuent à obéir uniquement à leurs formules respectives. Car, en vertu du principe de raison suffisante, chaque monade exige que son développement soit réglé en harmonie avec celui des autres monades et prenne place au sein de la totalité qu’est le monde.

« …la manière dont l’harmonie entre les monades a été préétablie par Dieu renvoie à un choix parmi plusieurs mondes possibles : ce choix, qui ne peut être arbitraire (principe de raison suffisante), s’explique en définitive à partir du principe du meilleur qui veut que ce qui présente le maximum de perfection existe. »

« Sur cette manière dont les perspectives s’accordent, on connaît la métaphore célèbre des horloges qui marquent toutes la même heure, non pas parce que l’horloger ne cesse de courir de l’une à l’autre pour les accorder, mais parce qu’elles ont été réglées au départ, chacune fonctionne ainsi par son mécanisme interne, sans s’inquiéter de ce que peut indiquer l’autre, et partout elles s’accordent entre elles. »

« Le meilleur n’est en lui-même qu’un possible présent dans l’entendement de Dieu : seul le choix divin de ce meilleur le fait donc entrer dans l’être. »

« Chaque partie n’existe qu’en fonction du tout et pour que la totalité soit le meilleur possible. »

« Chaque monade contient en soi la représentation de toutes les autres. »

« La vérité est donc à la fois une et multiple, et la multiplicité n’est pas rejetée du côté de l’erreur, de l’illusion ou de la subjectivité : ici la subjectivité n’empêche pas la saisie de la vérité, bien que la vérité ne soit jamais totale pour l’homme (elle l’est que pour Dieu) et qu’il n’y ait pour lui que des points de vue. »

« On voit que la monade est déréifiée : posée initialement comme une substance non spatiale, comme un point métaphysique, elle n’est en fait qu’une perspective, non pas une chose, mais un point de vue sur le monde. »

« L’univers est donc un grand vivant constitué d’une infinité de monades formant un système et se tenant en relation d’harmonie les unes avec les autres. » « En toute rigueur, la mort n’a donc pas de sens : il n’y a que du vivant s’emboîtant en systèmes complexes ou se résolvant en systèmes plus simples qui, en tout état de cause demeure toujours de l’organisé donc du vivant.

Une façon de rendre la matière éternelle, et de qualifier l’univers de façon spinoziste alors même qu’il conteste la pensée de SPINOZA. Il rejoint EPICURE en disant que la mort n’a pas de sens, qu’elle n’existe pas finalement.

Le paragraphe 82, vient aux « âmes raisonnables », cas particulier parmi les monades qui ne naissent, ni ne meurent. Leur particularité réside en ce que toutes les monades étant un point de vue sur le monde, un miroir déformant du monde, les âmes raisonnables, elles, reflètent non seulement le monde mais la cause du monde, à savoir Dieu, cela parce que nous l’avons vu, elles sont dotées de principes rationnels leur permettant de remonter jusqu’à la cause finale. Mais si elles expriment Dieu, il faut qu’à l’intérieur d’elles-mêmes, elles imitent Dieu. Ce qui dans l’homme imite Dieu, c’est en fait qu’il peut créer quelque chose qui ressemble à l’univers, à savoir des systèmes de représentations cohérentes : de même que Dieu construit le monde de façon cohérente, selon le principe de meilleur, l’homme est capable de connaître le système de l’univers et d’en imiter quelque chose par des échantillons architectoniques. C’est donc en tant que philosophe que l’homme imite Dieu, en tant qu’il parvient à créer des systèmes cohérents selon des principes rationnels : c’est en ce sens qu’il est « comme une petite divinité dans son département. »

La dimension morale n’est pas abordée dans ce paragraphe, le bien et le mal seront évoqués dans la théodicée.

« Il faut même, que chaque monade soit différente de chaque autre. Car il n’y a jamais dans la nature, deux êtres qui soient parfaitement l’un comme l’autre et il ne soit possible de trouver une différence interne, ou fondée sur une détermination intrinsèque. C’est ce qu’on appelle le principe des indiscernables. »

LEIBNIZ considère comme indiscernable pour l’entendement, par suite comme formant une réalité une seule et même chose, deux natures qui n’auraient entre elles que des différences quantitatives sans une seule différence qualitative et interne.

« Je consens que le nom de Monade et d’entéléchie (état d’une chose qui possède la perfection) suffisent aux substances simples qui n’auront que cela, et qu’on appelle âmes seulement celles dont la perception est plus distincte et accompagnée de mémoire. »

LEIBNIZ nous dit qu’il y a deux sortes de vérités, celles de raisonnement et celles de fait. Les vérités de raisonnement sont nécessaires et leur opposé est impossible et celles de fait sont contingentes et leur opposé est possible.

Nos raisonnements sont fondés sur deux grands principes : celui de la contradiction, de deux propositions contradictoires, l’une est vraie, l’autre est fausse et celui de la raison suffisante, en vertu duquel nous considérons qu’aucun fait ne saurait se trouver vrai ou existant, aucune énonciation véritable sans qu’il y ait une raison suffisante, pourquoi il en est ainsi et non pas autrement, quoique que ces raisons le plus souvent ne puissent pas nous être connues.

« Dieu est absolument parfait. Il s’ensuit aussi que les créatures ont leurs propres perfections de l’influence de Dieu, mais qu’elles ont leurs imperfections de leur nature propre, incapables d’être sans borne. »

LEIBNIZ s’approprie la distinction qu’établissait l’Ecole entre la nécessité morale et la contrainte. On enseignait que l’amour de Dieu pour le bien qui est lui-même et aussi l’amour des bienheureux pour Dieu est nécessaire mais non contraint. De même LEIBNIZ distingue entre la nécessité métaphysique et la nécessité morale.

Le première est fondée sur le principe de contradiction et se réalise par la seule opération de l’entendement, elle est absolue. Ainsi, Dieu ne peut faire que le tout soit plus petit que la partie. La deuxième est fondée sur le principe de raison suffisante et implique l’intervention de la volonté. Elle incline sans nécessiter véritablement. Si la puissance de Dieu peut réaliser un monde quelconque, sa sagesse l’incline à réaliser le meilleur monde possible, et ainsi il ne veut pas tout ce qu’il peut. C’est encore là une nécessité, mais une heureuse nécessité par laquelle Dieu est infailliblement tout sage et tout bon, en même temps que tout puissant.

Le corps appartenant à une monade, qui est l’entéléchie ou l’âme, constitue avec l’entéléchie ce qu’on peut appeler un vivant, et avec l’âme ce qu’on appelle un animal. Or ce corps d’un vivant ou d’un animal est toujours organique.

Tandis que la philosophie vulgaire partage les êtres en organisés et inorganisés, tandis que la philosophie cartésienne sépare l’âme du corps au point de voir dans les bêtes de pures machines.

LEIBNIZ établit entre l’âme et le corps une véritable solidarité, l’âme étant l’unité du corps, le corps le point de vue de l’âme. Aussi pour lui, rien de brut et de mort dans la nature, tout ce qui est, est animé. Il n’y a entre les êtres qu’une différence de degré, consistant en dernière analyse dans des perceptions plus ou moins distinctes.

« Ainsi le corps est poussé à exécuter les ordres de l’âme en tant que celle-ci a des perceptions distinctes, et l’âme se laisse incliner par des passions qui naissent des représentations corporelles. L’union de l’âme et du corps, est en définitive, d’une part la domination des perceptions distinctes sur les perceptions confuses, et d’autre part, le rôle nécessaire des perceptions confuses dans notre connaissance. »

Parmi cette infinité de degrés dans les vivants, LEIBNIZ en distingue trois, qui sont comme les principales étapes de la nature : ce sont les simples vivants, les animaux, et les hommes. Et ainsi il est raisonnable d’admettre, au-dessus de l’homme une échelle de génies, se rapprochant infiniment de Dieu comme au-dessous de lui, il y a une série d’animaux et de vivants descendant indéfiniment vers la pure matérialité. »

On a découvert que les arbres simples vivants étaient pourvus d’une intelligence avec des facultés créatrices comme certains animaux, ce qui les inclut de façon ascendante dans la chaîne des vivants.

 

 La philosophie de LEIBNIZ. (Emile BOUTROUX)

La philosophie de LEIBNIZ  est un effort pour approfondir de plus en plus la nature des choses.

Reprendre, dans ces conditions, la tâche d’ARISTOTE, retrouver l’unité et l’harmonie des choses, que l’esprit humain semble renoncer à saisir, peut-être même à admettre, tel est l’objet que se propose LEIBNIZ.

LEIBNIZ estime qu’il faut rassembler toutes les observations et découvertes expérimentales possibles. La méthode de raisonner dit-il, n’ayant pas encore atteint toute la perfection dont elle serait capable, il est important d’avoir de l’expérience ou de consulter ceux qui en ont.

L’expérience toutefois n’est qu’un procédé provisoire. Nous la dépassons déjà en un sens, au point de vue de l’explication des choses, par la logique et les mathématiques. « Tous se fait à la fois mécaniquement et métaphysiquement dans les phonèmes de la nature, le mécanique est la surface, la métaphysique est le fond. »

L’harmonie préétablie se concilie avec la loi de la conservation de la quantité de direction et, si elle appelle l’intervention divine, le Dieu qu’elle implique n’est cause immédiate que des êtres, et non des phénomènes.

« Tandis que la matière première est simplement divisible à l’infini, la matière seconde est actuellement sous-divisée à l’infini. »

En matière de connaissance, on peut diviser la doctrine de LEIBNIZ en deux parties :

-        L’origine de nos idées

-        Les vérités et les principes

LEIBNIZ rapproche ces deux doctrines de la réminiscence de PLATON et de la table rase d’ARISTOTE ? il y voit les deux extrêmes entre lesquels une sage philosophie doit chercher un moyen terme.

                                                                                                   

Vérités et principes.

Tantôt LEIBNIZ part des distinctions que fournit l’analyse des produits de l’esprit, tantôt il part du fond de l’esprit lui-même. Dans le premier cas, il développe la théorie des vérités, dans le second celle des principes, laquelle rejaillit sur la première.

« Sur la première distinction se fonde la distinction des deux grands principes de contradiction et de raison suffisante, le premier énonçant que deux propositions contradictoires l’une est vraie, l’autre fausse, le second que toute proposition non identique on doit pouvoir rendre raison.

Sur la seconde distinction se fonde le dédoublement du principe de raison suffisante régissant les vérités nécessaires, et un principe régissant les vérités de fait. »

L’appétition est l’effort vers une perception plus distincte, vers la perception la plus distincte possible, vers l’état le meilleur possible.

 

DIEU, l’existence, le mal.

La doctrine de LEIBNIZ sur Dieu peut être divisée en trois parties : Dieu et la création, le monde par rapport à Dieu, la Nature et la Grâce.

« Un contradictoire est à la chose considérée comme non A est à A, chez une négation de la chose considérée. Mais Dieu est l’être sans borne. Ni en lui, ni hors de lui, il ne peut rien exister qui vienne limiter son essence. En soi, il ne rencontre que des attributs infinis. Hors de soi il ne rencontre rien qui soit sur la même ligne que lui. Donc le concept de Dieu exclut toute contradiction. Donc Dieu est possible. »

Ainsi le principe de raison suffisante est vraiment le principe suprême de la philosophie de LEIBNIZ. Dans cette philosophie, il domine en un sens Dieu lui-même. La question de la nécessité de la création est donc double. La création des essences ou possibles est nécessaire, d’une nécessité géométrique et absolue, celle des existences est nécessaire d’une nécessité seulement morale et hypothétique.

« Est possible tout ce qui, pris absolument, n’implique pas contradiction. »

Le problème de la détermination des actions humaines a été résolu, soit par la doctrine de la fatalité, soit par la doctrine de la liberté d’indifférence. Si le fatum et la liberté d’indifférence étaient réellement contradictoires, il arriverait nécessairement que, de ces deux doctrines, l’une serait vraie, l’autre fausse. Or la philosophie leibnizienne nous offre précisément un concept intermédiaire entre le fatum ou détermination absolue : c’est le concept de la nécessité morale, qui incline sans contraindre.

« Il est clair que le mal est, non seulement le compagnon inséparable, mais la condition même du bien. Il y a donc lieu de distinguer en Dieu deux volontés : l’une antécédente, tendant à tout bien en tant que bien et regardant chaque bien à part, l’autre conséquente, tendant au meilleur et admettant tel ou tel mal, comme condition de la réalisation du bien. »

« L’intégrale répartition des biens et des maux dans le monde n’est pas moins nécessaire que l’imperfection de la créature en général. Par elle seulement pouvait être réalisée cette infinité de degrés de l’être excluant toute lacune, tout vide dans le monde des formes, que réclame le principe de continuité. Le positif est le réel, le négatif n’est qu’un défaut, non un principe réel et contraire.

Pour les esprits finis, l’union avec un corps est le seul moyen d’être en rapport avec d’autres esprits : le corps à vrai dire, n’est que la communion d’un esprit avec les autres esprits, l’ensemble des perceptions confuses qui représentent en lui le reste de l’univers. » 

« Non seulement, dans l’ensemble du monde, la somme des maux est négligeable, en comparaison de celle des biens, mais même la vie humaine, si on la considère d’un œil non prévenu, renferme beaucoup plus de joies que de peines. Et ce qu’elle nous apporte de souffrances peut d’ordinaire être surmonté par la raison et par l’exercice. Bien que dans le monde, tout soit lié, il y a cependant lieu de distinguer quant à leur destinée, les âmes pures et simples, et les esprits proprement dits. L’ensemble des premières forme la Nature au sens précis du mot, l’ensemble des seconds est appelé à former un règne surnaturel qu’on peut appeler la cité de Dieu, c’est-à-dire un monde gouverné, non plus seulement selon les lois de la nature, mais selon les lois de la Grâce. »

On peut, sous le nom de philosophie pratique de LEIBNIZ, grouper trois doctrines qui dépendent plus ou moins étroitement de sa métaphysique, savoir :

-        La doctrine morale

-        La doctrine du droit

-        La doctrine de la religion.

Les fondements de l’appréciation morale pour LEIBNIZ.

« Sont bonnes les actions déterminées par des perceptions distinctes, mauvaises les actions déterminées par des perceptions confuses. »

« L’essence véritable de la religion n’est autre chose que l’amour de Dieu. La condition de cet amour c’est la connaissance. Plus elle est distincte, plus pur et puissant l’amour qu’elle détermine. »

« De l’amour et de la foi, c’est l’amour qui est le principal, à moins que l’on ne considère l’amour comme enveloppé dans la foi véritable et complète. »

Dans la première phase du développement de sa pensée, LEIBNIZ s’occupe surtout avec les cartésiens du problème des substances, considérées dans leurs natures et dans leurs rapports. Dans la deuxième phase de sa philosophie, la doctrine qui provoque sa réflexion est l’empirisme de LOCKE. Dans la troisième phase, il s’attaque surtout à BAYLE, qui niait la providence, et à la doctrine de la liberté d’indifférence qui est le nerf de l’argumentation des sceptiques.

Voilà pour ce voyage au pays philosophique de LEIBNIZ. Ceux qui voudront aller plus loin liront la Théodicée, les nouveaux essais sur l’entendement humain, les principes de la nature et de la grâce… 

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