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2 août 2021

"Salammbô" Gustave FLAUBERT

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FLAUBERT écrit un roman atypique pour l’époque, surprenant, un registre très différent de ses autres écrits. Il choisit un lieu, une époque, peu connus, un thème mystérieux : l’orientalisme.

« Les lueurs vacillantes du pétrole qui brûlait dans ses vases de porphyre effrayèrent au haut des cèdres, les singes consacrés à la lune. Ils poussèrent des cris ce qui mit les soldats en gaîté. »

Malgré les chapitres de destructions, de brutalités, le roman est poétique.

« Une lumière éblouissante leur fit baisser les yeux. Puis ils perçurent tout à l’entour une infinité de bêtes, efflanquées, haletantes, hérissant leurs griffes, et confondues les unes par-dessus les autres dans un désordre mystérieux qui épouvantait. Des serpents avaient des pieds, des taureaux avaient des ailes, des poissons à têtes d’hommes dévoraient des fruits, des fleurs s’épanouissaient dans la mâchoire des crocodiles, et des éléphants, la trompe levée, passaient en plein azur, orgueilleusement, comme des aigles. Un effort terrible distendait leurs membres incomplets ou multipliés. Ils avaient l’air, en tirant la langue, de vouloir faire sortir leur âme, et toutes les formes se trouvaient là, comme si le réceptacle des germes, crevant dans une éclosion soudaine, se fut vidé sur les murs de la salle. »

L'histoire se déroule durant la guerre des Mercenaires après la première guerre punique, c’est-à-dire impliquant CARTHAGE en 238 avant JC. Les mercenaires se révoltent contre CARTHAGE qui après avoir utilisé leurs services refusent de les payer, les caisses, il faut le préciser étaient quasi vides.

HAMILCAR BARCA général de CARTHAGE vaincra les mercenaires dirigés par MATHO et SPENDIUS mais en s’adressant au conseil des sages de CARTHAGE « Les quatre Pontifes se tenaient au milieu, dos à dos, sur quatre sièges d’ivoire formant la croix : le grand prêtre d’ESCHMOÛN en robe d’hyacinthe, le grand-prêtre de TANIT en robe de lin blanc, le grand-prêtre de KHAMON en robe de laine fauve, et le grand-prêtre de MOLOCH en robe de pourpre. » il dit :« Pourquoi donc, malgré vos lois, les avez-vous rappelés à CARTHAGE ? Et quand ils sont dans votre ville, pauvres et nombreux au milieu de toutes vos richesses, l’idée ne nous vient pas de les affaiblir par la moindre division ! Ensuite, vous les congédiez avec leurs femmes et leurs enfants, tous sans garder un seul otage ! Comptiez-vous qu’ils s’assassineraient pour vous épargner la douleur de tenir vos serments ? Vous les haïssez parce qu’ils sont forts ! Vous me haïssez encore plus moi leur maître ! Oh je l’ai senti, tout à l’heure, quand vous me baisiez les mains, et que vous vous reteniez tous pour ne pas les mordre. » HAMILCAR est cynique sans aucune compassion.

SALAMMBÔ est la fille d’HAMILCAR c’est un personnage de roman contrairement aux autres protagonistes, mystérieuse elle envoûtera MATHO jusqu’à le perdre.« Sa chevelure, poudrée d’un sable violet, et réunie en forme de tour selon la mode des vierges chananéennes, la faisait paraître plus grande. Des tresses de perles attachées à ses tempes descendaient jusqu’aux coins de sa bouche, rose comme une grenade entrouverte. »

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Le roman débute ainsi : « C’était à MEGARA, faubourg de CARTHAGE, dans les jardins d’HAMILCAR » un début de conte, une phrase magnifique, poétique, envoûtante. Nous plongeons immédiatement dans l’orientalisme de l’époque.

FLAUBERT ira deux fois à CARTHAGE, il a une passion pour l’Orient. Il veut s’imprégner, il lira énormément sur cette époque, il fera un travail d’érudit.

FLAUBERT est frappé par la capacité de l’homme à s’autodétruire, il est également animé par une fuite du temps présent qu’il n’apprécie pas.

La guerre sera féroce, mystique, avec ses dieux présents mais non acteurs comme dans l’Iliade et l’Odyssée.

« Puis les flaques d’eau se multiplièrent. Le sol, peu à peu, devenait plus mou, les pieds s’enfonçaient, HAMILCAR ne se détourna pas. Il allait toujours en tête, et son cheval couvert de macules jaunes comme un dragon, en jetant de l’écume autour de lui, avançait dans la fange à grand coups de reins. »

Il y a des passages très marquants : lorsque SALAMMBÔ va récupérer le voile sacré ZAIMPH qui a été volé par MATHO, et lorsque MATHO déambule prisonnier à la merci du peuple, une vision quasi christique.

FLAUBERT en écrivant ce roman nous montre un pessimisme sur l’homme capable de tout détruire par des massacres de masses, mais aussi des massacres de soi-même, l’épisode du sacrifice des enfants brûlés vifs pour le dieu MOLOCH. L’homme superstitieux et violent désole FLAUBERT, c’est en même temps une prise de conscience sur la condition humaine qui débute en cette fin XIXème.

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