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  • Je vous propose mes diverses lectures sur des thématiques étendues : littérature, philosophie, histoire, poésie, à partir de 2015 également politique, sociologie, et des réflexions sur des thèmes d'actualité.
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26 avril 2022

"Verdun" Yann MOIX

 

 

 

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Verdun est un livre agréable à lire, mais ce n'est pas un roman. Les souvenirs d’un service militaire, d’une préparation militaire officier. Après Orléans et Reims Yann MOIX continue son auto thérapie, et il est vrai qu’écrire peut aussi avoir cette fonction salvatrice.

« Verdun n’était plus faite pour les hommes, mais pour les monuments. Ceux qui l’habitaient habitaient un instant universel de la folie des hommes ; leur municipalité, à peine réveillée d’un cauchemar vieux de 90 ans, ne se situait pas sur une carte, mais sur un évènement. »

« L’ennui, après trois années passées à Reims m’avait suivi jusqu’ici. Partout où j’allais, je l’emportais. Les lieux changeaient, lui restait le même. J’allais vivre un an avec d’autres, mélangé à leur sueur, à leurs bruits, à leurs odeurs, à courir et souffrir, l’ennui m’étoufferait avec ses bras. »

« Je ne connaissais rien du désir des autres ; j’avançais dans l’existence en aveugle, vaguement conscient que j’écrirais des romans. »

C’est bien écrit, mais avec des passages trop appuyés et des références culturelles a priori inutiles, mais faisant probablement partie de la thérapie. L’introspection, les anecdotes, rendent le livre attrayant. L’auteur se dépeint négativement que ce soit avec les femmes, l’armée, les amis, la vie en générale.

« L’avenir était le pays des autres. Le spectacle que je m’offrais à moi-même, pareil au sol lunaire, était celui, gris cendre, poudreux, de ce terrain désaffecté, parsemé de morts, qu’on appelle « le passé » bien qu’il ne passe jamais. »

Admirateur de PEGUY, ses références ontologiques sont plutôt nietzschéenne, kafkaïenne, cioranesque, camusienne. Il nous martèle d’un lieu commun: la vie est dure et cruelle, faite de quelques joies et de beaucoup de peines ! Bien sûr Verdun est le résultat d’Orléans, on n’échappe pas à son histoire, néanmoins c’est une bonne chose de la combattre quand elle nécessite de nouveaux horizons.

 « J’avais 24 ans. J’avais raté tout ce que j’avais entrepris dans ma vie (je n’avais du reste strictement jamais rien entrepris). »

PEGUY « Il avait tenu jusqu’à l’extrême limite de la douleur que le cœur d’un homme amoureux peut supporter quand l’amour est irréciproque. Il avait vécu excessif ; il mourrait sacrifié. »

 « Ces « x » ne me firent nullement complexer : je compris vite que leur proximité avec les mathématiques ne traduisait qu’une intelligence divergeant de la mienne, laquelle refusa immédiatement de s’incliner devant celle qu’on eût pu supposer « supérieure » à ces élites  au carré. »

 « J’avais 24 ans ; ils en avaient 18. Ils affichaient une jeunesse morbide. Effectuer son service militaire au début des années 90 équivalait à sortir dans les bois pour aller cueillir des fleurs fanées. L’aventure était absurde ; l’expérience, obsolète. »

 « Parfois un soldat, un sous-officier, un officier traverse la cour d’un pas morne, écrasé par cette mélancolie dominical qui ramène l’homme à son néant. »

« DENOIX ne connaissait pas, n’avait jamais connu l’amour. Cette chose si ordinaire et si rare, qui dilate le temps et multiplie l’existence, cette profondeur offerte à tous, qui permet à la stupidité toutes les revanches sur l’intelligence et réciproquement, lui était une expérience parfaitement inconnue. »

« La commémoration tue les morts une seconde fois ; elle exhorte les vivants à convoquer l’abstraction de dates qu’ils ne connaissent que par contrainte, l’habitude, le reflexe. » 

« Le grand écrivain est celui qui nous rend la laideur magnifique et la beauté exécrable ; il intervertit les dogmes il fait gémir là où nous avions pour habitude d’éclater d’un grand rire sonore. On suffoque où nous respirions ; quant à l’inacceptable, soudain il nous agrée. »

« La simultanéité des activités humaines fascine : tel fait du ski nautique sur la nappe des mers quand tel autre, sur son lit de douleur, s’éteint dans les gémissements. »

1136_moixYann MOIX

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