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  • Je vous propose mes diverses lectures sur des thématiques étendues : littérature, philosophie, histoire, poésie, à partir de 2015 également politique, sociologie, et des réflexions sur des thèmes d'actualité.
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9 décembre 2021

"Désobéir" Frédéric GROS

 

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« La vraie question n’est pas de savoir pourquoi les gens se révoltent, mais pourquoi ils ne se révoltent pas » Wilhem REICH

« Le double processus de l’enrichissement des riches et de l’appauvrissement des pauvres entraîne l’effondrement progressif de la classe moyenne. »

« La vie c’et le très peu qui reste une fois qu’on a payé les banques. »

« Ce livre défend l’idée d’une démocratie critique. »

« A l’heure où les décisions des « experts » s’enorgueillissent d’être le résultat de statistiques anonymes et glacées, désobéir, c’est une déclaration d’humanité. »

Obéir c’est ne plus être responsable.

« A Nuremberg, pour la première fois, des hommes ont été punis pour avoir obéi. Les répercussions de ce précédent commencent tout juste à se faire sentir. »

C’est l’ouverture au fait de refuser d’obéir, d’exercer dans certains cas sa liberté de conscience.

« Si c’est l’animal en nous qui nous fait désobéir, alors obéir, c’est affirmer notre humanité. »

« KANT dans ses réflexions sur l’éducation faisait une distinction entre « instruction et discipline ». Dans le cadre pédagogique, l’instruction est apprentissage de l’autonomie, acquisition d’un jugement critique, maîtrise raisonnée des connaissances élémentaires et pas seulement ingurgiter passivement des informations qu’on doit être capable ensuite de réciter en ânonnant. Mais pour parvenir à cet état, il faut un premier moment de docilité aveugle que KANT appelle « discipline ». C’est ce moment qui « transforme l’animalité en humanité, c’est sur la base d’une obéissance aveugle qu’on devient vraiment homme. Ce moment, insiste KANT, provisoire, est « négatif » contrainte, forçage, dressage (« on dresse des chiens, des chevaux ; on peut aussi dresser des hommes »), mais néanmoins capital. Il confère une assise sur laquelle pourra se construire l’autonomie. Surtout, il doit advenir le plus tôt possible. »

« Les vertus, c’est juste bon comme apparat, posture, affichage. Et la politique n’est rien d’autre que l’art de rester au pouvoir. » Triste vision de la politique, même s’il faut reconnaître que beaucoup font de la politique pour le pouvoir et l’argent. Néanmoins il ne faut pas mettre au rebus les vertus, pierre d’angle d’une société qui aspire à être plus juste et la plus harmonieuse possible.

« Obéir, désobéir, c’est donner forme à sa liberté. » Oui mais pas de n’importe quelle manière et en fonction de notre intérêt Personnel.

« Il demeure que, de Molière à Balzac, la littérature est pleine de ces laquais obséquieux qui ridiculisent le maître une fois son dos tourné, autant d’êtres serviles nourrissant la vanité des chefs pour obéir le moins possible. » Le serviteur n’ayant d’autre choix que de gagner son pain ne peut qu’être servile, et il utilise les armes qu’il peut à savoir la critique ce qui n’est qu’un remède psychologique à sa situation.

« Je ne suis pas responsable : j’ai obéi aux ordres. » Cette remarque peut s’entendre dans certains cas et pas dans d’autres. Le curseur éthique n’est pas le même selon les actes demandés.

« Un peuple ne sent sa force que quand il n’a plus rien à perdre. » C’est pourquoi il faut veiller à ce qu’un peuple n’arrive pas à une telle extrémité.

« Ce à quoi il faut résister, ce n’est pas au pouvoir dans ses formes institués, c’est surtout à notre désir d’obéir, à notre adoration du chef, parce que c’est ce désir, c’est cette adoration qui le font précisément tenir. » Facile à dire, par ailleurs tous les chefs ne sont pas des « oppresseurs ». Par contre, effectivement il faut résister aux abus, dérives, et notre époque le permet plus facilement, le juste milieu est toujours difficile à obtenir.

« Etre libre, c’est essentiellement vouloir être libre. » C’est vrai, mais il faut en accepter le prix. Le loup et le chien fable de La Fontaine mérite d’être lue ou relue.

« Je ne vous vois pas, écrit-il, (La Boétie) « seulement obéir, mais servir » Servir c’est plus qu’obéir : donner des gages, devancer les désirs, obéir le mieux possible, faire de son obéissance l’expression d’une gratitude, justifier les ordres qu’on nous donne ; ce qu’on pourrait appeler la sur obéissance ». Entièrement d’accord avec ce mal très rependue de la sur obéissance pour obtenir souvent bien peu ou espérer une reconnaissance qui n’arrivera jamais. Ce type d’attitude est condamnable car elle favorise l’excès de « maître ».

« Aristote pose pourtant une autre question : savoir si la distribution des supériorités et des infériorités ne suivrait pas après tout des dénivellations naturelles. » Bien sûr on ne peut que faire un lien entre les inégalités naturelles et conventionnelles, que Rousseau a mis en lumière, mais il n’y a pas de systématisme ni de linéarité, et la société se doit de corriger le plus possible cet état de chose.

«  Aristote constate qu’on voit tous les jours des hommes libres dans des corps d’esclaves et des esclaves dans des corps d’hommes libres ». L’homme soumis, l’homme révolté, nous le rencontrons effectivement tous les jours, mais il y a plus d’hommes libres dans des corps d’esclaves.

« L’obéissance de gratitude que tout dirigeant rêve de susciter s’adresse dans le dirigeant à trois qualités : la compétence (on lui obéit parce qu’il a la science, l’expertise), la vertu (on lui obéit parce qu’on connaît son intégrité morale) et la sollicitude (on lui obéit pour son soucis des autres.) »

Entièrement d’accord mais ce type de dirigeant existe-t-il ? Utopie, espérance, la réalité est hélas tout autre.

« Obéir mystiquement, c’est faire valoir la dureté d’acier, l’éclat de diamant de ce moi qui s’héroïse dans l’humiliation jusqu’à la déjection de lui-même. Par-là, le mystique, parce qu’il fait de son obéissance une aventure intérieur, fait résistance aux pouvoirs. »

Oui une aventure intérieure dans laquelle le mystique se transcende, sans nécessairement passer dans l’humiliation. Une autre voie que le matérialisme ambiant, une voie qui répond à des visées spirituelles, une pensée qui s’étend plus loin que la vie.

« ANTIGONE, c’est le symbole de la désobéissance tragique. »

« CREON, c’est l’obsédé des désignations. Pour lui le langage ne sert pas à crier, pleurer, chanter, mais à mettre en ordre, classer et séparer. » « Désobéir, ce n’est pas seulement en appeler à une légitimité supérieure, affirmer qu’on obéit à d’autres lois, c’est mettre en cause le principe même d’une légitimité. Dans la désobéissance peut entrer une part de transgression pure : c’est l’éclat d’ANTIGONE. »

Ca illustre l’obéissance mystique, mais surtout l’obéissance à des croyances et des traditions. Cette obéissance est prioritaire et défendue jusqu’à la mort.

« L’autorité politique ne tient que par l’adhésion secrète qui fait sur obéir. Si l’on ne faisait qu’obéir passivement et douloureusement aux puissants, ils n’exerceraient aucun pouvoir. »

Facile à théoriser, la pratique révèle des dominations diverses et variées sur les individus dont on ne s’extrait que très difficilement voire pas.

« La démocratie, c’est une multitude anarchique de petits maîtres qui se chamaillent, un concert inaudible de voix égrillardes, prétentieuses que nul n’est autorisé à faire taire. Ce n’est pas le conformisme qui règne, c’est un di formisme. »

C’est aussi des équilibres instables, des contrepouvoirs qui permettent de tendre vers une certaine équité, c’est pouvoir écrire ce livre, pouvoir le commenter, émettre des avis différents.

« Je veux explorer un quatrième foyer de sens de l’obéissance, après la soumission, la subordination et le conformisme : le consentement. »

« Depuis Pic de la MIRANDOLE au moins, on n’a cessé de dire : la dignité de l’homme tient dans sa liberté. »

« C’est toujours la même logique : on est entraîné à devenir esclave par le cycle de la misère ; au bout du compte en consent surtout, essentiellement, à survivre. »

Voilà le paradoxe survivre et exercer sa liberté, l’un est rarement compatible avec l’autre.

« Grandeur de HOBBES, grandeur de LOCKE et de ROUSSEAU : ave eux la politique s’entend comme l’articulation raisonnable d’un vouloir-vivre ensemble. S’il y a contrat, c’est que nous voulons faire politique ensemble. »

Très belles idées même si HOBBES a écrit que ‘l’homme est un loup pour l’homme » et nous le constatons plus que jamais au XXIème siècle qui n’a pas tiré semble-t-il les leçons de l’histoire. Il y a contrat lorsque les parties veulent s’entendre autour d’un contrat et le respecter, comment fait-on s’il n’y a pas ce souhait de faire politique ensemble ?

Chez HOBBES trois passions naturelles destructrices : la cupidité naturelle, le souci de gloire, la méfiance perpétuelle des autres. Chez LOCKE on assiste à une lente dégradation, tranquillement ou chacun cultive son jardin avec à terme l’arrivée d’un cycle de violences. Chez ROUSSEAU on n’échappe pas au cycle de violence mais on peut se sauver par le pacte social. HOBBES et LOCKE se complètent, ROUSSEAU plus optimiste raisonne en cycles, HEGEL reprendra cette idée.

« ARENDT a bien analysé la structuration éthique que ce modèle doit perpétuellement, dans sa vie politique, faire effort en et sur lui-même pour lutter contre l’envahissement de ce qui pourrait être un intérêt particulier, une passion personnelle. »

Ce modèle philosophique passe par une éducation solide, de qualité, or nous ne suivons pas cette orientation.

« La désobéissance civile désigne le mouvement structuré d’un groupe plutôt qu’une contestation personnelle. En revanche, on parlera de dissidence ou d’objection de conscience quand un individu isolé prend le risque de dénoncer les faillites d’une institution. »

« THOREAU renoue avec l’idée que la philosophie, avant d’être une discipline de savoir, un ensemble de connaissances, est un art de vivre. »

Là où KANT affirme : la vraie désobéissance, c’est la critique (théorique), THOREAU répond : la vraie critique, c’est la désobéissance (pratique).»

Les deux ont raison, critiquer dans une démocratie, remettre en cause des décisions des gouvernants c’est une opposition, une désobéissance théorique, si la démocratie et les contre-pouvoirs ne fonctionnent plus, que les décisions deviennent unilatérales alors d’imposent la désobéissance pratique. Elle s’exerce également sous des dictatures et deviennent résistance.

« SOCRATE a une manière d’obéir qui est une manière de résister. »

« Chacun, pour autant qu’il existe vraiment, doit se laisser guider par sa conscience plutôt que d’obéir aveuglément aux lois, en toute passivité. »

Très dangereuse affirmation qui va à l’encontre de l’intérêt général, car il faut déterminer ce qui est inique et ne pas faire de confusion avec nos intérêts personnels, notre vision du monde qui ne peut s’imposer à tous.

« Pour penser vrai, pour penser bien, est-il à ce point besoin de rigueur, de méthode, d’intelligence ou de profondeur ? Non, dit KANT, il faut d’abord et surtout du courage. »

C’est vrai, mais il faut aussi de la rigueur, de la méthode et de l’intelligence.

« Obéir c’est dire non à soi en disant ou à l’autre. »

On peut obéir en disant oui à l’autre et oui à soi.

« L’humanité est ce qui fondamentalement nous décale par rapport à nous-mêmes. Elle est ce qui nous fait boiter : tous filles et fils d’Œdipe. Décalé, indélégable, c’est le pari de la philosophie. Depuis SOCRATE, c’est le pari insensé, tenace, relancé jusqu’à FOUCAULT, en passant par MONTAIGNE, DESCARTES ou KANT. C’est le pari qu’existe quelque chose comme ce soi indélégable, que c’est de se découvrir irremplaçable pour penser, juger, désobéir qui nous donne accès à l’universel. Ce qu’on partage vraiment, ce n’est ni l’ignorance ni le savoir, c’est une exigence de vérité. Et cette inquiétude qui surplombe, dépasse toute vérité acquise, toute conviction fossilisée, fait seule véritablement communauté. »

frederic_gros_hd_1_ver_1_0Frédéric GROS

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