"L'effervescence du vide" Nicolas GRIMALDI

                  

                                                                          Nicolas GRIMALDI

Nicolas GRIMALDI à travers son expérience d’homme, de philosophe, de professeur, s’interroge : est-il possible de donner un sens à la vie ?

« Ou qu’on soit, quoiqu’on fasse, et surtout si l’on ne fait rien, toujours nous sentons quelque minuscule fêlure lézarder l’existence. »

La misère de la condition humaine se résume en trois mots selon PASCAL : inconstance, ennui, inquiétude. En mai 1968, la société veut changer, s’affranchir des règles existantes, donner libre cours à la liberté ou ce qu’on pense être la liberté. Une déconstruction pour peut-être ne rien reconstruire.

« En même temps que chacun veut être comme tout le monde, personne ne veut être pris pour n’importe qui. L’unanime et constant désir d’identité se double alors d’un tout aussi général désir de différence. »

L’immédiateté privilégiée, la rapidité, ne plus pouvoir ou savoir attendre. L’art créé « tout de suite », absence de signification, règne de l’impatience, du rien.

« En faisant passer ce qui n’est rien pour de l’art, on allait montrer que tout ce qu’on avait pris pour de l’art n’était donc guère plus que rien. » « Le propre des œuvres d’art, avait-il observé (KANT) est que tout y est toujours nouveau au point qu’on ne se lasse jamais de les contempler. »

« Comme la gesticulation tient lieu d’action, la simulation tient lieu de réalité.»

Nicolas GRIMALDI nous livre sa perception d’une œuvre d’art : « aussi me semble-t-il toujours reconnaître en toute œuvre d’art la secrète confession que m’y fait une autre conscience de ses attentes, de ses joies, de ses désarrois. »

L’enseignement subira les conséquences de ces mutations sociétales, et nous en constatons aujourd’hui les effets pervers. « Bien loin d’être propre à un milieu, à une éducation, comme d’avoir une écurie de course ou des meubles d’époques, ni la culture, ni le goût ne s’héritent. Car il ne faut pas qu’une éducation nous y accoutume, encore faut-il qu’une affinité particulière nous y dispose et qu’une familiarité attentive et assidue nous en procure l’intimité. »

Ces mutations ont créé un nouveau monde qui ne veut plus avoir à obéir à des règles, à des certitudes, une remise en cause de tout de façon anarchique, émotionnelle, sans substitut solide. Résultats : plus de sens profonds à la vie, des plaisirs grossiers, de la simulation, du futile, du passetemps. Ce monde provoque pour beaucoup un mal être, alors quel sens donner à sa vie ?

Nicolas GRIMALDI lors d’un malaise, pensant qu’il allait mourir, prend conscience qu’il n’a pas compris ce qu’était vivre, ce qu’était la vie, il était passé à côté. Rétabli, il nous exprime ci-dessous ce qu’est une vie bien remplie à ses yeux : « Rendre une femme ou un enfant heureux, j’avais cru avoir mieux à faire que cela. Comme je regrettais maintenant de n’avoir pas même nourri des canaris, des moineaux, ou quelque chat abandonné. Si peu qu’une autre vie eût été vivifiée par la mienne, tout ne s’en serait pas aussi vainement évaporé. Il n’y avait pas de vérité qui m’apparaît alors plus clairement que celle-là : la vie est à elle-même son propre sens. La vie vit de se répandre et de se communiquer. Aussi   tout a-t-il toujours été perdu d’une existence hors ce qu’elle a donné d’elle-même à une autre en s’y transfusant. »

Magnifique conclusion !

Je vous propose un billet de Simon MANON sur ce livre avec une approche différente ou complémentaire.

http://www.philolog.fr/nicolas-grimaldi-leffervescence-du-vide/